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Le pacte vert des nouveaux chimistes

Esteban Chornet est un pionnier du génie chimique vert et est mondialement connu grâce à ses procédés thermochimiques per­mettant la pro­duction de bio­énergie. Il est titulaire de la Chaire de recherche indus­trielle en éthanol cellulosique.
Esteban Chornet est un pionnier du génie chimique vert et est mondialement connu grâce à ses procédés thermochimiques per­mettant la pro­duction de bio­énergie. Il est titulaire de la Chaire de recherche indus­trielle en éthanol cellulosique.

En transformant des résidus en énergie, Enerkem apporte de l'eau au moulin des défenseurs du dévelop­pement durable, qui cherchent à soutenir le développement économique de communautés locales. «On trouve partout des résidus de bois de champs, ou d'ordures, mais il serait impensable de les rassembler dans d'immenses raffineries. La production de biocarburants se fera donc de manière régionale, et il y aura des usines un peu partout», croit Esteban Chornet. Selon ce pionnier du génie chimique vert, les biocarburants formeront une partie significative de l'essence utilisée par les prochaines générations.

Jean-François Morin termine sa maîtrise en génie chimique. Il travaille au projet P-carburants, co­dirigé par Jean Lessard et Esteban Chornet.
Jean-François Morin termine sa maîtrise en génie chimique. Il travaille au projet P-carburants, co­dirigé par Jean Lessard et Esteban Chornet.

L'éthanol issu de cellulose n'est qu'une solution parmi d'autres; les chimistes pourraient extraire plusieurs produits de la biomasse végétale en appliquant les principes de la chimie verte. «Nous avons découvert que nous pouvons produire un solvant — le furfural — en utilisant une réaction acide plutôt qu'en faisant fermenter la matière première, comme on le fait pour la cellulose», explique Jean-François Morin, qui termine sa maîtrise en génie chimique et qui travaille au projet P-carburants, codirigé par Jean Lessard et Esteban Chornet. Jean-François Morin est la figure même des chimistes post-Kyoto. «Je cherchais un métier où je pouvais associer mes convictions environ­nementales à la recherche de solutions concrètes favorisant le développement durable», dit-il pour expliquer ce qui l'a motivé à se lancer dans une profession qui n'a pourtant pas une image très écolo.

Jean-François Werhung termine une maîtrise en chimie. Il s'in­téresse au méthylfurane, un biocarburant qui pourrait être intégré à l'essence.
Jean-François Werhung termine une maîtrise en chimie. Il s'in­téresse au méthylfurane, un biocarburant qui pourrait être intégré à l'essence.

Le furfural auquel il a travaillé sert notamment de solvant dans les industries pétrochimiques. Son collègue Jean-François Werhung, qui termine une maîtrise en chimie, s'en est servi, lui, pour produire de bonnes quantités de méthylfurane, un nouveau biocarburant. Lentement mais sûrement, c'est une panoplie de nouvelles solutions énergétiques que les chimistes verts élaborent au fond de leurs laboratoires.

Ce n'est cependant pas demain la veille que l'on pourra se passer du pétrole et de ses dérivés. «Certaines industries, comme les entreprises pharmaceutiques, ont pris un réel virage vert, mais c'est loin d'être la norme dans la sphère industrielle», affirme Jean Lessard. Cascades a beau annoncer qu'elle offrira bientôt le papier le plus écologique de la planète, d'autres compagnies papetières continuent de blanchir leur papier avec du chlore, sans égard pour l'environnement. «Certains secteurs ont réimplanté les industries trop polluantes dans les pays en dévelop­pement pour ne plus les avoir dans leur cour. L'air est devenu irrespirable dans certaines régions de Chine, même dans les campagnes! Mais c'est nous qui, en bout de ligne, achetons les produits faits là-bas», rappelle-t-il. Jean Lessard croit, cependant, que le XXIe siècle s'annonce plus grand et plus riche en promesses pour la chimie que l'ère du pétrole ne l'a été. Tant mieux pour les chimistes en herbe. Et tant mieux pour la planète...